Dans le cadre du 20e anniversaire du Festival Quartiers Danses, le Malandain Ballet Biarritz a présenté Nocturnes au Studio-Théâtre du bâtiment Wilder. Intrigué par le côté sombre de la musique de Chopin, le fondateur et chorégraphe de la compagnie, Thierry Malandain, a déplacé ses danseurs le long d’une étroite bande dans un environnement sombre, une disposition qui, selon les notes de programme, rappelle les « danses funèbres » médiévales. Pour moi, les duos et trios de l’œuvre, qui font appel à de nombreuses extensions des jambes et à l’habileté des danseurs, montrent des personnes en mal de romance, qui trouvent puis perdent l’amour à cause de la rivalité ou du caprice.
Le programme double comprenait également Reset, un duo fascinant de la Montréalaise Véronique Giasson. Sur un paysage sonore qui gronde doucement, Laurent Le Gall fait des mouvements de bras simples que sa partenaire Giasson répète. Rapidement, les gestes ont pris de l’ampleur, le parallélisme strict s’est estompé, et les deux hommes se sont déplacés librement. En s’unissant, le duo a tissé des formes corporelles complexes, suivies d’un retour à des mouvements parallèles moins tendus. Ce schéma dramatique s’est répété tout au long de la pièce, qui s’est éclaircie vers la fin avec le tintement d’un piano. Méthodiquement, le couple revient à sa position initiale côte à côte, prêt à « réinitialiser ».
Dans le spectacle anniversaire de clôture du festival – un autre programme double au Studio-Theatre – Dirt, de la compagnie montréalaise Tentacle Tribe, a une fois de plus démontré les prouesses inspirées de la danse urbaine de ses trois danseurs et une danseuse. Le mouvement s’est enchaîné sans relâche dans une chorégraphie complexe de corps à corps qui exige un sens très aigu du centre de gravité. Cela s’est avéré particulièrement vrai dans un duo tissé serré dans lequel le chorégraphe Elon Höglund et Amara Barner ont roulé à plusieurs reprises l’un sur l’autre et l’un sous l’autre, créant ainsi une rencontre intime entre égaux. Höglund a inséré davantage de mouvements acrobatiques que dans ses œuvres précédentes, suscitant l’étonnement du public, comme lorsqu’il a exécuté un saut périlleux complet à toute vitesse tout en restant fidèle au subtil paysage sonore rythmique.
La pièce d’ouverture de l’affiche est signée par la Montréalaise Pauline Gervais pour Pauline Berndsen Danse, un groupe contemporain qu’elle a fondé en 2018. Dans MMXX, cinq danseurs en combinaison noire se sont d’abord déplacés avec raideur comme des robots sur des refrains de musique pop, sans jamais se toucher. Finalement, les mouvements se sont adoucis, des contacts physiques ont été initiés et des relations se sont développées alors qu’Enrico Caruso chantait un air d’espoir romantique, Una furtiva lagrima. Puis, de façon plutôt pessimiste, tout le monde est retourné à son état primitif robotique. La raison pour laquelle chacun passe de l’isolement à la connexion et vice-versa est une question clé sans réponse.
Article traduit de l’anglais du journaliste Victor Swoboda, publié le 1er décembre 2022 pour Dance International